Porte d'Enfer, Terre de Sargasses
Nous sommes une classe de première du lycée polyvalent Nord Grande-Terre en Guadeloupe. Dans notre lycée, il existe un Club sentinelle qui étudie la télédétection des sargasses. Ce club rassemble des élèves de Première et Terminale à dominante scientifique, autour de la problématique des sargasses. Ils utilisent des logiciels semi-professionnels de télédétection afin de visualiser les déplacements de radeaux de sargasses. La problématique des sargasses étant particulièrement importante aux Antilles depuis plusieurs années de part les quantités d'algues échouées sur nos côtes, nous avons décidé de nous y intéresser. Le premier salon des sargasses en Guadeloupe nous a d'ailleurs permis de nous informer sur ce fléau climatique. Notre projet vise à montrer l'impact des sargasses sur la qualité des eaux du Lagon de Porte d'enfer. Ce site très connu en Guadeloupe et proche de notre lycée a été fortement impacté par les échouements répétés des sargasses.
Nous chercherons à savoir de quelles manières les sargasses contribuent à modifier l'écosystème de ce site. Pour répondre à notre problématique nous nous intéresserons aux nombreux changements qui y ont eu lieu. Nous tenterons de comprendre dans un premier temps comment les sargasses sont à l'origine de l'eutrophisation du Lagon, puis si elles contribuent à la disparition de la faune et la flore d'une partie du site.
D'où proviennent les algues sargasses qui s'échouent sur notre littoral ?
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Les sargasses des algues envahissantes
Les sargasses sont des micro algues brunes pélagiques de la famille des Sargassaceae. Equipées de flotteurs naturels qui leur permettent de se reproduire à la surface de la mer, elles se regroupent et se déplacent sous forme de radeaux allant de quelques mètres à une centaine de kilomètres. Celles observées dans les eaux des Caraïbes appartiennent à deux espèces : Sargassum fluitans et Sargassum natans.
La mer des sargasses
Ces deux algues sont depuis toujours présentes dans l'océan Nord Atlantique en particulier au large des côtes Est des Etat Unis. Les courants saisonniers, influencés par le régime des vents et les mouvements océaniques dans l'océan Atlantique, le Golfe du Mexique et le Golfe de Guinée, dirigent par période une grande partie des algues accumulées dans ces zones vers l'archipel des petites Antilles mais également dans le reste du bassin caribéen.Bien que la périodicité du phénomène semble effective depuis l'année 2011, la compréhension des déplacements des sargasses reste encore un mystère mais les facteurs influençant son développement ont fait l'objet de plusieurs hypothèses qui semblent expliquer leur présence dans les eaux de la Caraïbes. Les fortes températures des eaux et la présence de certains nutriments en forte concentration rendent favorable le développement des sargasses.
D'où viennent les odeurs émises par les algues sargasses ?
Les
bancs de sargasses qui s'accumulent en mer ont un rôle essentiel dans l'équilibre
de la biodiversité marine. Ils contribuent à la prolifération de nombreuses
espèces aquatiques telles que les poissons, les invertébrés, et beaucoup
de micro-organismes qui y vivent de
manière temporaire voir permanente.
Néanmoins l'échouement massif et régulier de ces algues sur le littoral des îles des Petites Antilles cause de nombreuses problématiques économiques et sanitaires.
Les sargasses qui s'accumulent sur les plages, bloquent parfois l'accès aux bateaux, empêchent la ponte des tortues. Mais surtout, ces algues dégagent, en séchant, de l'hydrogène sulfuré et de l'ammoniac, qui peuvent provoquer d'importants risques sanitaires pour la population. À partir d'un certain niveau de concentration, la sargasse attaque aussi les métaux, détruisant aussi bien les voitures que le matériel informatique environnant .
Comment les sargasses impactent-elles le site de Porte d'Enfer ?
Le Lagon de Porte d'Enfer est un des sites des îles de Guadeloupe les plus impactés par l'échouement des sargasses. Sa géographie facilite en grande partie l'entrée des radeaux de sargasses. Une fois entrées dans le chenal, faute de vent, et de courants marins locaux elles y restent. Elles forment ainsi une couche épaisse d'algues qui absorbe l'eau et, sous l'effet du soleil, finissent par s'évaporer, donnant ainsi l'impression que la mer s'est retirée de plusieurs mètres. Les résidus solides obtenus, compacts, peu odorants sont répartis sur la plage en grande quantité .
À cela s'ajoute une odeur nauséabonde créée par la forte concentration en H2S libérée par les sargasses lors de leur décomposition. L'ensemble de ces paramètres rendent le site impraticable pour les nombreux visiteurs qui pourraient s'y aventurer. Au vu de l'ensemble des données recueillies sur les nombreux changements du site, il nous a semblé intéressant de quantifier l'impact des échouements des sargasses sur le site en réalisant une étude approfondie afin de comprendre si l'échouement régulier des sargasses modifiait la chimie de la mer du Lagon .